Congrès Hlm de l’Union sociale pour l’habitat – H’Expo : La parole aux acteurs du bâtiment - Association NOVABUILD

Pierre-Yves LEGRAND
Directeur de NOVABUILD

À l’occasion du 83e congrès HLM de l’Union sociale pour l’habitat (USH) – salon H’Expo, qui aura lieu à Nantes du 3 au 5 octobre 2023, Promotelec Services donne la parole aux acteurs du bâtiment de la région des Pays de la Loire. Découvrez l’interview de Pierre-Yves LEGRAND, directeur de NOVABUILD.

Pouvez-vous nous présenter Novabuild en quelques mots ? Sur quel territoire êtes-vous implanté ?

Novabuild est une association qui regroupe les acteurs de la construction, de l'immobilier, de l'aménagement de la région Pays de la Loire. Notre champ d'action, c'est la construction durable, la construction qui intègre les limites planétaires. Notre objectif est d’emmener l'ensemble de la profession vers la décarbonation et une plus grande prise en compte du dérèglement climatique, pour le confort des habitants, le respect de la biodiversité et de l'économie circulaire.

Concernant la réglementation environnementale RE2020, y-a-t-il des points d’évolution que vous aimeriez nous partager ?

La RE2020 devrait être marginale dans nos préoccupations, le neuf va devenir une activité secondaire dans la profession car la priorité, c'est la rénovation. Certains espèrent un retour d'une époque, qu'on peut qualifier de flamboyante, mais si on veut tenir compte des limites planétaires, il faut moins se pencher sur le neuf que sur l’existant. Ce qui est intéressant dans la RE2020, ce sont les effets de seuils qui permettent une courbe d'apprentissage, ainsi chacun des acteurs peut choisir là où il veut mettre l'accent. Il n’y a rien de vraiment interdit dans la RE2020, si on ne regarde que la partie carbone avec les seuils qui deviennent de plus en plus contraignants, les choix sont de plus en plus porteurs de sens. On peut décider de conserver un certain type d'énergie, mais à ce moment-là, il faut faire plus d'efforts sur d'autres sujets. À Novabuild, nous n’avons pas l'habitude de mettre en cause les réglementations, nous les mettons en œuvre. On prend la RE2020 comme elle est et nous pensons que c’est une réglementation plutôt intelligente, justement, du fait des seuils progressifs.

Et sur le BBC Effinergie Rénovation, y-a-t-il des points que vous souhaitez nous partager ?

La rénovation, c'est le chantier des 30 prochaines années pour la profession. Chaque amélioration de la performance énergétique d’un bâtiment, c'est un pas de gagné. On sait bien qu'une rénovation globale est plus intéressante. Et on sait que viser le BBC, c’est-à-dire viser le niveau RT 2012 pour un bâtiment rénové, c'est ce qu'il faudrait faire pour l'ensemble des bâtiments. Il faudrait que tous les logements atteignent l'étiquette A ou B du DPE dans les 30 prochaines années. Le label BBC Effinergie Rénovation est un des éléments de mesure qui permet de répondre à cet enjeu. Nous pensons qu’on va devoir en plus, aller vers une réglementation qui amènera à calculer l’impact carbone des rénovations. Ce n’est pas normal qu’on calcule l'impact carbone sur le neuf et pas sur ce qui est essentiel, la rénovation.

Selon vous, quelles aides de l'Etat pourraient être mises en place pour faire repartir la construction ?

Nous ne reviendrons jamais aux 500 000 logements, parce que la COP 21, avec sa traduction française qui est la Stratégie Nationale Bas Carbone, nous dit qu'il faut faire moins de 200 000 logements par an en neuf. C’est un engagement international de la France. Si on pense que le dérèglement climatique est un vrai problème, que les plus démunis vont souffrir plus que les autres et quand on est à la tête d'une profession extrêmement émissive, on a une responsabilité, et donc non, il ne faut pas retrouver les chiffres qu'on a connu à une époque où nous étions émetteurs de carbone à un niveau déraisonnable.

Construire moins de neuf est évidemment très complexe à réaliser, notamment dans des territoires en tension avec de fortes demandes. Cela devrait donc être un chantier à part entière de la profession pour mieux investir dans l’existant, optimiser les surfaces, trouver des solutions techniques et financières pour faciliter les extensions-surélévations, etc. Nous sommes une profession extrêmement émissive, et à un moment, il faut se poser cette question : est-ce qu’on ne viendra pas un jour nous reprocher d'avoir continué comme si de rien n'était ?

Que pensez-vous de nos certifications multicritères qui proposent des options portant sur les thématiques du confort, de l’environnement, de l’accessibilité, de l’optimisation financière, de la règlementation ?

Ce qui nous semble important au-delà de la question du carbone, c'est de tenir compte du fait que nous allons vraisemblablement dépasser les 2 °C de décalage de température, voire les 3° ou 4°, ce qui est un danger pour la qualité de vie des personnes, voire leur survie. Tout label, toute certification qui vise à améliorer le niveau de confort dans une période de dérèglement climatique nous paraît aller dans le bon sens.

Quelles sont vos plus belles réussites ? Avez-vous déjà rencontré de gros points de blocage ?

Nous sommes fiers, par exemple, d'avoir participé aux côtés de l'Union sociale pour l'habitat, à la mobilisation des professionnels pour parvenir à réaliser des projets EnergieSprong en grand volume en Pays de la Loire, avec des groupements de PME qui ont été en capacité, non seulement de répondre à l'Union sociale pour l'habitat, mais aussi d'aller jusqu'au bout et de mettre en œuvre plusieurs centaines de rénovations avec des engagements très élevés. Nous avons fait un très gros travail de mobilisation des professionnels pour qu'ils y parviennent, la leçon qu'on en tire, c'est quand on veut, on peut.

Et des points de blocage ?

Nous sommes dans une période de mutation très forte, il faut construire moins de neuf, mais cela pose énormément de problèmes, ne serait-ce que de loger des personnes qui ont des difficultés à trouver des logements près de leur travail. Il va falloir qu’on s'attelle à cela, nous pensons que la planification, l’allocation des ressources raréfiées, doit être un sujet à mettre sur la table à l'échelle locale, parce qu’on va devoir gérer ces problématiques qui sont extrêmement complexes.

Le salon H’Expo, qui a lieu à Nantes cette année, est un évènement important pour les professionnels du bâtiment. Qu’attendez-vous de ce salon ? Quelles solutions venez-vous chercher sur H'Expo ?

C'est un des salons les plus importants de la profession, tout le monde s'y retrouve. Un salon comme H’Expo favorise les relations et devant les grands enjeux actuels, il faut s'appuyer sur tout ce qui favorise les coopérations, les contacts entre les gens, aucune entreprise n'est capable de trouver une solution seule. Les solutions se trouveront par le collectif, le collaboratif et le travail ensemble, et donc un salon comme celui-là permet ce genre de choses.